Esprits, trolls, elfes et « näcken » – Découvrez les créatures mythologiques suédoises

D'après le folklore suédois, la nature regorge de ces créatures mythologiques, chacune ayant son propre habitat. La plupart des contes folkloriques ont pour thème les forêts, les montagnes, les lacs et les prairies, peut-être parce que la notion de communion avec la nature est ancrée dans les traditions suédoises. Permettant généreusement à chacun de profiter de ses trésors presque partout - à condition de les préserver - la nature est une source précieuse de bien-être. Elle a également nourri l'imagination d'innombrables artistes et écrivains suédois, et a créé depuis plusieurs siècles un profond sentiment d'identité culturelle.

Les contes suédois se concentrent souvent sur les créatures mythologiques qui vivent dans les vastes forêts et la nature luxuriante de la Suède. Certains de ces êtres sont gentils et serviables, et récompensent ceux qui font preuve de respect à leur égard et à l'égard de l'environnement, tandis que d'autres cherchent à séduire et sont parfois animés d'intentions sournoises.

Il est impossible d'aborder ce sujet sans mentionner le travail de l'artiste et illustrateur suédois John Bauer, né en 1882. Son livre « Bland Tomtar och Troll » (Parmi les gnomes et les trolls) compile différentes histoires basées sur le folklore suédois et met l'accent sur une foule de créatures mythologiques qui se cachent dans la nature.

Voici une présentation de six créatures sur lesquelles vous devriez garder un œil :

La Huldra – le séduisant esprit de la forêt

La séduisante « huldra » pourrait être décrite comme la sirène du folklore scandinave. Dans le folklore suédois, cet être irrésistible est également connu sous le nom de « skogsrå » (esprit de la forêt) ou de « Tall-Maja » (Marie des pins).

La huldra trouve son origine dans le christianisme, à travers l'histoire d'une femme qui n'avait lavé que la moitié de ses enfants lorsque Dieu apparut à sa porte. Profondément honteuse de la saleté de ses enfants, elle les cachât, ce qui conduisit Dieu à ordonner qu'ils soient à jamais cachés de l'humanité. Ils devinrent alors des « hulders », ce terme désignant ces êtres cachés.

Dans la mythologie suédoise, la huldra est surtout considérée comme un esprit bienveillant qui permettait aux charbonniers de dormir tranquillement en surveillant leurs fours à charbon. Pour la remercier, les charbonniers lui laissaient des provisions. Mais certains contes évoquent son côté dangereux et racontent comment elle use de ses charmes pour attirer les hommes en dissimulant soigneusement sa queue de vache sous sa jupe. La seule façon pour elle de perdre sa queue serait de se marier à l'église, où elle se transformerait en être humain.

Qu'elle soit ou non malveillante, la femme hulder est presque toujours dépeinte comme un être magnifique, mais si vous rencontrez son équivalent masculin, le « huldrekall », vous risquez de le trouver un peu moins attirant, voire grotesque.

Le Näcken – l'homme nu au violon

Si vous croisez un homme nu jouant du violon dans l'un des magnifiques ruisseaux ou rivières de Suède, il s'agit très probablement du « Näcken », l'une des créatures mythologiques les plus célèbres de Suède, dont la première apparition remonte à l'époque des Vikings.

Avec son air séduisant mais légèrement malintentionné, le Näcken symbolise les dangers liés à l'eau. On raconte que ces esprits de l'eau utilisent leur musique pour attirer les gens et les précipiter vers leur mort.

En Suède, cette créature aquatique surnaturelle a été décrite comme l'équivalent du dieu romain de la mer Neptune et du dieu grec Poséidon. Parmi les écrits historiques sur le Näcken figure le livre de Schroderus, « Siögudens Neckens kännemäreke » (Les caractéristiques de Näcken, Dieu de la mer) datant d'environ 1635. Environ un siècle plus tard, le pasteur Olof Broman le mentionne dans le cadre du paganisme. Datant de la fin du 19e siècle, le tableau « Näcken » de l'artiste suédois Ernst Josephson représente à merveille cet homme mystérieux, assis au bord d'un ruisseau, violon à la main, ses cheveux de jais tombant sur ses épaules.

Les trolls – des êtres malicieux

Souvent représentés sous forme de figurines et utilisés dans de nombreux films à succès, les trolls sont célèbres dans le monde entier. Les trolls originaux – à l'image de ceux représentés dans les livres d'histoire magnifiquement illustrés par l'artiste John Bauer – sont gigantesques, mais ils parviennent mystérieusement à se camoufler parmi les arbres et les rochers qui les entourent.

Formant une part importante de la mythologie nordique, les trolls sont intrinsèquement liés à la nature. Leur apparence gauche, parfois grotesque, contraste avec leurs habitations recouvertes de mousse. Regroupés en petites familles, les trolls vivent dans des grottes ou des montagnes. Ils ne sont pas connus pour être particulièrement amicaux ou serviables envers les humains, mais ils ne sont pas non plus ouvertement agressifs. Ils peuvent cependant se montrer très rusés et il convient donc d'être prudent si vous les croisez dans les bois.

Si l'on regarde le tableau de 1915 de l'artiste John Bauer, « Maman Troll et ses fils », ces habitants de la forêt semblent presque amicaux, ce qui correspond à la manière dont ils ont été dépeints au cours des siècles plus récents.

Le vittra et le vätte - des énigmes rurales

Le « vittra » est un être mythologique à l'apparence humaine qui vivrait dans le nord de la Suède. Puisqu'elle vit sous terre dans les zones rurales, apercevoir cette créature insaisissable relève de la chance. Les « Vittror », comme on les nomme au pluriel, ne se montrent pas au quotidien, mais ils sont toujours présents. Ils vivent aux côtés des humains et, s'ils sont bien traités, ils s'occupent du bétail – le leur (invisible à nos yeux) et celui des personnes qu'ils côtoient.

Le « vätte » a de nombreux points communs avec le vittra, mais il vit plus au sud de la Suède rurale, plus précisément au sud de la Dalécarlie. Les contes folkloriques décrivent les « vättar » (au pluriel) comme étant plus petits que les vittra, presque nains. Ces créatures aimant vivre sous les maisons des humains sont parfois également nommées « Tomte » ou « nisse ». Bonnes avec les animaux et douées pour les tâches agricoles, elles peuvent s'avérer très utiles à la ferme. Mais si vous les mettez en colère, elles se vengeront.

Les elfes – des êtres séduisants qui apparaissent dans la brume

Dans le folklore suédois, les elfes ou « älvor » sont généralement des femmes, représentées comme de petits esprits féeriques ou comme de grandes femmes éthérées. Ces êtres vivent cachés dans les collines et les forêts, et ne sortent pour danser que dans la brume matinale ou au crépuscule.

En Suède, les elfes sont fortement associés à la brume, à tel point que le terme « älvdans » (elfes dansants) est encore couramment utilisé pour décrire la brume basse qui plane sur les champs et les prairies au crépuscule et à l'aube. On raconte que si vous entendez le chant des oiseaux à ces moments-là, il s'agit peut-être de la musique pétillante des elfes. Et là où leurs petits pieds ont foulé le sol, on trouve souvent des champignons poussant en cercles, que l'on nomme des « cercles d'elfes ».

Mais soyez prudent : même si les elfes sont généralement décrits comme gentils dans les contes de fées modernes, le folklore suédois conseille aux humains de ne pas s'en approcher. En écoutant la ballade « Sire Olof et les elfes » – qui date du Moyen Âge et demeure populaire aujourd'hui – vous découvrirez ce qui est arrivé à Sire Olof, qui a rencontré des elfes la veille de son mariage. Ces derniers lui ont jeté une malédiction qui a conduit à sa mort prématurée, ainsi qu'à celle de sa promise. Par conséquent, aussi ravissant que soit le spectacle, il est préférable d'admirer la brume matinale de loin.